La cueillette sauvage de plantes médicinales est une pratique ancestrale qui connaît un regain d’intérêt. Les domaines de l’herboristerie, de la naturopathie et de la cuisine sauvage en font notamment partie. Cependant, cette activité nécessite une approche rigoureuse pour préserver la biodiversité et respecter les réglementations en vigueur. Voici un guide détaillé des bonnes pratiques à adopter pour une cueillette responsable et durable.
1. Identification précise des plantes
Avant toute cueillette, il est impératif de s’assurer de l’identification correcte des plantes. Une confusion peut avoir des conséquences graves, certaines plantes toxiques ressemblant à des espèces comestibles ou médicinales. Par exemple, l’ail des ours peut être confondu avec le colchique ou le muguet, des plantes hautement toxiques. Pour éviter ces erreurs, vous pouvez consulter le guide des bonnes pratiques de plantes sauvages de l’association AFC. Cette association regroupe des acteurs engagés pour la préservation des plantes sauvages. Ce guide est téléchargeable gratuitement.
Vous pouvez également prendre des photos détaillés de la plante dans son environnement naturel pour une identification ultérieure ou utiliser des clés de détermination. Des sites comme Tela Botanica ou Pl@ntNet peuvent vous aider. En cas de doute, il est préférable de s’abstenir de cueillir.
2. Respect de la législation
En France, la cueillette sauvage est soumise à une réglementation stricte. Selon l’article 544 du Code civil, « la propriété est le droit de jouir et de disposer des choses de la manière la plus absolue », ce qui signifie que les plantes appartiennent au propriétaire du terrain. Cueillir sans autorisation constitue donc une infraction, passible de sanctions prévues par les articles 226-4 et 311 du Code pénal .
De plus, certaines espèces végétales sont protégées par la loi. Il est interdit de les cueillir, de les transporter ou de les commercialiser sans autorisation spécifique. Les listes des espèces protégées varient selon les régions et sont disponibles auprès des Directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) .
Il est donc essentiel de :
- Demander l’autorisation du propriétaire du terrain avant toute cueillette.
- Se renseigner sur les espèces protégées dans la région concernée.
- Respecter les réglementations locales, notamment dans les réserves naturelles et les parcs nationaux.
3. Pratiques de cueillette durables
La cueillette sauvage permet de renouer avec la nature tout en préservant l’équilibre fragile des écosystèmes. Pour cela, il faut cueillir de manière responsable, certaines règles doivent être scrupuleusement suivies.
Une cueillette raisonnée
Avant tout, il est important d’adopter une approche modérée. L’objectif n’est pas de remplir des paniers à ras bord, mais de récolter uniquement ce dont vous avez réellement besoin pour un usage personnel immédiat. Cette attitude permet de laisser suffisamment de ressources pour la faune, mais aussi pour d’autres cueilleurs. La régénération naturelle des plantes est alors assurée. La sur-cueillette peut rapidement appauvrir un milieu et compromettre la pérennité de certaines espèces, parfois déjà fragilisées.
Respecter le cycle des plantes
Le respect du cycle de vie des plantes est également primordial. Chaque plante suit un rythme propre, avec des périodes de croissance, de floraison et de reproduction. Récolter une plante en pleine floraison revient à l’empêcher de se reproduire correctement. Et ce même lorsque ses graines de ne sont pas encore dispersées. Il est donc préférable de se renseigner sur les périodes propices à la cueillette pour chaque espèce afin de ne pas entraver son renouvellement. Par exemple, certaines plantes aromatiques, comme le thym ou le romarin, se récoltent avant la floraison pour préserver leurs qualités. Tandis que d’autres peuvent être cueillies une fois la floraison terminée.
Les bons outils
La manière de cueillir joue également un rôle crucial dans la préservation des plantes. L’utilisation d’outils appropriés permet de couper proprement les parties prélevées sans endommager inutilement la plante. Privilégiez des ciseaux ou des couteaux bien aiguisés. Une coupe nette favorise une meilleure cicatrisation et limite le risque de maladies. De plus, il est vivement déconseillé d’arracher les plantes dans leur intégralité, notamment lorsqu’il s’agit de récolter des feuilles ou des fleurs. Prélever uniquement les parties aériennes nécessaires – tout en laissant les racines intactes – permet à la plante de se régénérer plus rapidement et de poursuivre son cycle naturel. L’arrachage complet n’est envisageable que dans de rares cas où la racine est utilisée et seulement si la ressource est abondante et l’impact maîtrisé.
Un lieu adapté
Enfin, choisir un lieu de cueillette sain est fondamental. Certaines zones sont fortement exposées aux polluants, qu’il s’agisse des bords de routes, des terrains agricoles traités chimiquement ou des zones industrielles. Les plantes y accumulent les substances toxiques présentes dans l’environnement, ce qui les rend impropres à la consommation ou à l’usage médicinal. Privilégier des espaces éloignés des sources de pollution permet d’assurer la qualité des plantes récoltées tout en limitant son impact environnemental.
Adopter ces bonnes pratiques permet non seulement de profiter durablement des bienfaits des plantes sauvages, mais également de contribuer activement à la préservation des écosystèmes. La cueillette, lorsqu’elle est menée avec respect et conscience, devient alors un véritable acte de partage avec la nature.
4. Choix des sites de cueillette
Le choix du lieu de cueillette est une étape fondamentale lorsqu’on pratique la récolte de plantes sauvages. Un lieu mal choisi peut non seulement nuire à l’environnement, mais également compromettre la qualité des plantes récoltées, et donc leur usage médicinal ou culinaire. C’est pourquoi il est essentiel de respecter quelques principes de base pour assurer une cueillette responsable.
Tout d’abord, il est vivement recommandé de privilégier les zones où la plante convoitée est présente en abondance. Dans la nature, certaines espèces sont rares ou localisées sur de petites surfaces. Les cueillir, même en petite quantité, peut fragiliser durablement leur population. À l’inverse, dans les milieux où une plante pousse en grande quantité, la cueillette raisonnée est possible sans mettre en péril la pérennité de l’espèce.
Ensuite, il faut absolument éviter les habitats sensibles. Certains milieux naturels, comme les tourbières, les dunes, les pelouses sèches ou les landes, abritent des espèces très spécialisées et fragiles. Ce sont souvent des écosystèmes uniques, vulnérables au moindre dérangement. Le simple passage d’un cueilleur peut entraîner des dommages irréversibles : piétinement de plantes rares, érosion du sol, perturbation des micro-habitats. De nombreuses réserves naturelles et zones protégées interdisent d’ailleurs la cueillette pour cette raison. Même en dehors de ces espaces réglementés, il est de notre responsabilité de préserver ces milieux en ne prélevant rien, en ne sortant pas des sentiers et en limitant notre impact au maximum.
Respecter la biodiversité va bien au-delà du simple acte de cueillir. Il s’agit de préserver l’équilibre de l’ensemble de l’écosystème. Lorsque l’on prélève une plante, on retire aussi une source de nourriture ou un abri pour d’autres êtres vivants : insectes pollinisateurs, oiseaux, petits mammifères… Il est donc essentiel de ne pas tout prélever au même endroit, de laisser toujours suffisamment de plantes intactes pour assurer leur reproduction et leur rôle écologique.
5. Équipement du cueilleur
Un équipement adéquat facilite la cueillette et contribue à la préservation des plantes :
- Contenants adaptés : utiliser des paniers en osier ou des sacs en tissu pour permettre la ventilation des plantes et éviter leur détérioration.
- Outils de coupe : emporter des ciseaux ou des couteaux propres et bien aiguisés pour des coupes nettes.
- Gants de protection : porter des gants pour se protéger des plantes urticantes ou toxiques.
- Guide d’identification : avoir un guide botanique ou une application mobile fiable pour confirmer l’identification des plantes sur le terrain.
Pour aller plus loin…
Pour aller plus loin, voici quelques ressources utiles :
- Guide de bonnes pratiques de cueillette de plantes sauvages : un ouvrage complet élaboré par l’AFC, disponible en version papier et PDF . (Guide des Bonnes Pratiques | AFC)
- Quelques infos sur la législation : (Législation de la Cueillette | AFC)
- Liste des espèces végétales protégées en France : consultable sur le site de la DREAL de votre région ou sur le site du ministère de la Transition écologique. (Législation cueillette des espèces protégées en France )
- Formations en ligne sur la cueillette et l’herboristerie : Sandrine propose des sorties en pleine nature pour apprendre à identifier les plantes sauvages locales. (En savoir plus)